vendredi 23 septembre 2011

Le parti socialiste (PS)

Parti politique français, situé à gauche sur l'échiquier politique, le Parti socialiste (PS) est une organisation politique qui défend une certaine idée du socialisme. Il a été fondé en 1905 sous le nom de Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Il a pris le nom de Parti socialiste lors du congrès d’Alfortville en 1969. Ses alliés traditionnels sont le Parti radical de gauche, le Parti communiste français, le Mouvement républicain et citoyen ainsi qu’Europe Écologie Les Verts. Depuis les élections législatives de 2007, il est considéré comme le premier parti de l'opposition et le deuxième parti français en nombre d'élus. Le parti compte, en 2009, environ 200 000 militants.

Si à l'origine, le parti socialiste pouvait être considéré comme le parti des classes laborieuses à vocation réformiste (1), il est aujourd'hui davantage un parti défendant les classes moyennes qui n'a pas totalement rompu le lien qui le rattachait à la classe ouvrière (2).


1/ Les origines du Parti socialiste en font un parti traditionnellement attaché à la défense des classes populaires et prônant un accès au pouvoir par les urnes. 


A/ Le socialisme est une idéologie influencée par l’analyse marxiste. Or Karl Marx est partisan de la révolution, c’est-à-dire de l’accès au pouvoir de la classe ouvrière au moyen du renversement violent du pouvoir bourgeois. Toutefois, dans l’"Introduction" que donne Friedrich Engels au livre de Marx intitulé Les luttes de classe en France 1848-1850 (1895), Engels prend ses distances avec l’action révolutionnaire et écrit : "nous, les "révolutionnaires" (...) nous prospérons beaucoup mieux par les moyens légaux que par les moyens illégaux". Cette inflexion du socialisme par rapport aux moyens d’accéder au pouvoir entraîne deux courants différents : 
  • un courant révolutionnaire : ceux qui choisissent l’action directe et qui sont caractérisés par un antiparlementarisme fort (Lénine, Rosa Luxemburg) ; 
  • un courant réformiste : ceux qui sont plus modérés et préfèrent l’intégration au système parlementaire (Eduard Bernstein, Karl Kautsky). 
Si la IIe Internationale, lors du Congrès de Londres en 1896, confirme le tournant parlementariste du socialisme pris par Engels, en France, la répression féroce de la Commune conduit à un éclatement des mouvements socialistes. Une opposition va donc subsister entre deux pôles : 
  • les antiparlementaristes : ce sont les guesdites (emmené par Jules Guesde) du Parti ouvrier français, les allemanistes (Jacques Allemane) du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire et les blanquistes (Auguste Blanqui), du Comité révolutionnaire central ; 
  • les parlementaristes : les possibilistes de la Fédération des travailleurs socialistes et indépendants (Alexandre Millerand, Jean Jaurès). Ils incarnent une voie réformiste favorable à la participation au pouvoir. 
L’unification de ces multiples mouvements socialistes se fait en 1905 dans le cadre de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) où cette divergence subsiste, malgré une intégration au système parlementaire réalisé de fait. 

Cette alliance se trouve fragilisée en 1920 lors du Congrès de Tours. La Révolution russe de 1917 concrétise l’action révolutionnaire et donne envie à la frange la plus déterminée de la SFIO de créer un nouveau parti prônant la lutte révolutionnaire : la Section française de l'Internationale communiste (SFIC, futur Parti communiste français — PCF). 

Au sein de la SFIO, une séparation demeure entre deux tendances : 

  • le socialisme réformisme de Léon Blum s’inscrit dans la continuité de la ligne impulsée par Jean Jaurès. Léon Blum refuse toutefois une participation au pouvoir dans le cas où la SFIO serait minoritaire, 
  • le guesdisme, du leader socialiste Jules Guesde (1845-1922) refuse toute participation aux gouvernements bourgeois, mais rejette également la révolution immédiate, les conditions de réussite n’étant pas encore réunies (cela les distingue de la SFIC). 
Après le Congrès de Tours, le guesdisme reste la ligne officielle de la SFIO jusqu'à la seconde guerre mondiale. Cette ligne s'oppose sur certains points à la ligne, jugée par certains plus réformiste, de Jean Jaurès. 

La solution de Blum permet d’unifier la SFIO, mais elle empêche toute participation au pouvoir au sein de coalition. Toutefois, des alliances électorales restent possibles, ce qui permet à la SFIO de s’associent aux gouvernements radicaux entre 1920 et 1934. 

En 1934, la stratégie du front unique (le Front populaire) rassemble communistes, radicaux et socialistes sous un slogan consensuel : « du pain, la paix et la liberté ». En 1936, la gauche unifiée sous l’égide de Blum accède au pouvoir. Elle met en place d’importantes réformes sociales comme l’instauration de la liberté syndicale, la réduction du temps de travail et les congés payés. La SFIO devient ainsi le symbole du progrès social en même temps qu’un parti de gouvernement. 


B/ Au plan idéologique, le socialisme entend défendre les intérêts de la classe ouvrière apparue avec l’industrialisation. Le parti joue un rôle de mobilisation de cette catégorie de la population à travers son objectif qui est de lui faire prendre conscience de son exploitation. 

Sur un plan stratégique, cette focalisation sur les intérêts de classe pose néanmoins un dilemme politique. En démocratie, l’accès au pouvoir étant conditionné à la conquête des suffrages de la majorité du corps électoral, le choix de ne défendre que les intérêts d’une classe minoritaire conduit à rester un parti minoritaire. Afin d’accéder au pouvoir, il convient donc de passer d’une logique de classe à une logique majoritaire, mais qui se caractérise par un certain éloignement de la doctrine d’origine. 

Le choix du réformisme a ainsi conduit à une extension de l’électorat du parti socialiste. D’un parti de militants fondé sur la mobilisation d’adhérents strictement encadrés, le parti socialiste est devenu un parti d’électeurs. Mais cette stratégie de conquête des suffrages se traduit par un éloignement croissant avec la classe ouvrière. L’électorat du parti socialiste se transforme : il se compose de la petite bourgeoisie indépendante et intellectuelle. 


2/ La modernisation du parti socialiste a conduit à rechercher les conditions d’une alliance entre classes moyennes et classe populaire. 


A/ En 1969, la SFIO est rebaptisée Parti socialiste (PS). François Mitterrand en devient le premier secrétaire en 1971 lors du congrès d’Epinay. Ce dernier noue des alliances avec le PCF et les radicaux de gauche. Il met en place un Programme commun de gouvernement en 1972 qui entend « vivre mieux, changer la vie » au moyen d’une politique économique interventionniste et parvient à réunir les revendications de la classe ouvrière avec celles des classes moyennes. 

Cette stratégie d’alliance est inédite car le Parti socialiste s’était jusqu’ici tourné vers le centre et avait délaissé le PCF. Elle permet notamment : 

  • un renforcement du nombre de militants : 150 000 en 1981 contre 60 000 en 1970 ; 
  • une progression électorale : la victoire de François Mitterrand en 1981 signe l’accession de la gauche au pouvoir pour la première fois sous le régime de la Ve République. 
Suite à son élection à la présidence de la République, François Mitterrand commence à mettre en œuvre le Programme commun qui se veut en rupture avec le capitalisme (nationalisations, interventionnisme économique, politique salariale favorable). Mais ces mesures entraînent rapidement une fuite des capitaux et contraignent le gouvernement à réagir. Dès 1983 s’amorce le "tournant de la rigueur" qui mine durablement l’idéologie socialiste des partis de gauche. Lionel Jospin, alors secrétaire du Parti socialiste, déclare : "la réalité s’est chargée de nous rappeler nettement, durement, que les lois de l’économie existent"

Suite à cet échec, le PS se veut plus pragmatique, partisan d’une économie mixte et de la bonne gestion des affaires publiques. Le thème de la lutte des classes disparaît de son discours. Ce revirement aboutit à des périodes de cohabitation (de 1986 à 1988, Jacques Chirac est nommé Premier ministre et de 1993 à 1995 avec Edouard Balladur). 


B/ Depuis les années 90, le parti socialiste est devenu le parti des classes moyennes davantage que celui de la classe populaire. Les transformations sociales ont conduit à une acceptation implicite du libéralisme économique qui promeut l’économie de marché. Elles ont aussi conduit à une adhésion aux valeurs culturelles de l’individualisme qui sont attachées au libéralisme : la tolérance et le respect de l’autonomie individuelle. 

La classe moyenne forme aujourd’hui l’essentiel de la base militante du PS. Si en 1970, les ouvriers et les employés représentaient 40 % des adhérents, ils n’en représentent plus que 20 % dans les années 90. Les classes moyennes (38 %) et supérieures (27%) sont largement majoritaires. En outre, on constate un rajeunissement et une hausse du niveau éducatif : la moitié des nouveaux adhérents enregistrés en 2002 ont entre 18 et 44 ans et ont un niveau égal ou supérieur à bac +3. 

De surcroît, la base électorale n’est plus constituée des ouvriers comme auparavant : s’ils étaient 36 % en 1973, ils ne sont plus que 21 % en 2007. L’électorat du PS est composé à une forte majorité des classes en moyenne, ce qui en fait désormais un parti attrape-tout. 

Cette monté en puissance des classes moyennes confronte le PS à un nouveau dilemme électoral : celui de la conciliation entre les intérêts des classes moyennes, attachées à leur situation économique et sociale, et celui des couches populaires inquiètes face aux restructuration, demandeuses de protection sociale et de sécurité, tentées par l’abstention, voire par les partis xénophobes. Le nouvel équilibre est délicat à trouver, mais l’émergence des problématiques sécuritaires et de l’immigration visent principalement à séduire à nouveau l’électorat populaire. 


C/ Au sein du PS, il existe plusieurs courants. Ils ont été institutionnalisés en 1971 pour entériner la réorganisation du PS sur la base de clubs et favoriser la démocratie interne. Ils sont néanmoins facteurs de divisions et de personnalisation. Pour la première fois en 2007, des primaires internes au PS ont été organisées de manière à choisir le candidat du parti à l’élection présidentielle. C’est une personnalité extérieure à l’appareil du parti qui les emporte, en partie portée par les sondages, Ségolène Royal. 

Les courants structurent la vie interne du Parti socialiste. Héritiers des clubs et groupes politiques précédant la réunification d'Épinay, ils se sont largement modifiés au cours du temps. Officiellement, les courants se structurent autour des motions, c'est-à-dire des grands textes d'orientation rédigés à chaque congrès. Officieusement, chaque motion est subdivisée en multitudes de sensibilités, parfois liées à un leader charismatique, ou tout simplement à une manière de faire de la politique et d'analyser la société. 

Lors du congrès de Reims en 2008, les motions défendant les valeurs de la social-démocratie (mentions de Gérard Collomb, de Bertrand Delanoë), plutôt proches du centre, l’ont largement emporté. Cet événement a conduit le député Jean-Luc Mélenchon à quitter le PS pour fonder son propre parti plutôt favorable à une alliance avec les communistes : le Parti de gauche.

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